Back from… 700.000 heures Cambodge

700.000 Heures, acte II !

Ce mois dernier se tournait définitivement la page du second volet de 700.000 Heures, l’occasion de revenir en mots et en images sur cette aventure qui à défaut d’avoir été placée sous le signe du luxe se voulait avant tout aussi exclusive qu’humaine.

Le Cambodge servait alors de cadre coloré et spirituel aux histoires mises en scène comme à l’accoutumée par Thierry Teyssier et ses équipes qu’on appelle « alchimistes » chez d’autres. Si chez Cheval Blanc, la somptuosité aurait été de mise, ici une certaine rusticité avait été préférée pour appréhender au mieux la beauté d’un pays autrefois ravagé par les affres de la guerre et tourné de plus en plus largement vers le tourisme. Avant que ce dernier en ait un jour raison, il convenait donc de revenir prendre le pouls d’une civilisation qui donna au monde l’un des plus beaux témoignages architecturaux qui soient : Angkor. Classé Patrimoine Mondial de l’Unesco, ce site exceptionnel composé de temples-montagnes construits entre le 9ème et le 14ème siècle, posé à la lisière de la désormais vibrionnante Siem Reap aux confins des forêts de Tonle Sap servait bien évidemment de première et incontournable introduction à un voyage initiatique en 3 temps.

« Angkor (...) servait bien évidemment de première et incontournable introduction à un voyage initiatique en 3 temps. »

À peine installés dans leur maison traditionnelle d’Hanchey House au cœur de la ville et de son lointain tumulte que le chant des coqs semblait vouloir couvrir, les aventuriers avaient ainsi pour premier rendez-vous, autour d’une tasse d’infusion gingembre, Marc, l’archéologue en charge de la restauration du temple insulaire du Mebon, venu les initier aux merveilles du parcours à venir dont le Pnom Bakheng de Ginevra, à la tête de sa restauration, allait constituer dès le lendemain la première étape à l’occasion d’un petit déjeuner improvisé sur site. Le soir même, c’était à la très réputée difficile d’accès Conservation d’Angkor que le rendez-vous était également fixé pour une visite aux flambeaux dans les réserves suivie d’un diner préparé sous les lampions par Thierry Teyssier himself aux manettes de sa malle-cuisine itinérante étrennée quelques mois plus tôt dans le Salento. Fil rouge de l’aventure 700.000 Heures comme sa centaine de consœurs, elle se devait d’être du voyage. Sur ce principe d’itinérance, la maison khmère traditionnelle embellie de quelques voilages rouges de circonstance flottant au gré de la brise et des ventilateurs en accueillait certaines d’entre-elles en guise de chevet de bibliothèque ou de bar pour former ainsi l’écrin du premier camp de base tenu par Marina, franco-cambodgienne au fait des moindres vibrations de l’ex-empire.

« La maison khmère traditionnelle (...) accueillait les malles (...) pour former ainsi l’écrin du premier camp de base. »

Habitée du candide Sittorn et de la souriante et bien-nommée Vie, ses butlers, Hanchey House se teintait d’une inévitable couleur coloniale mais embaumait surtout le parfum si particulier d’une tacite mais bien réelle complicité que les nombreuses et immanquables visites aux temples de l’imposant Angkor Vat à l’échevelé Ta Phrom en passant par le céleste Bayon entrecoupaient presque à regret. Bien que très urbaine, cette cahute de bois précieux avait en fait un charme indéniable, du matin où la lumière que l’on croyait divine s’amusait à percer entre les barreaux de ses fenêtres ouvertes sur les bambous verdoyants au soir où les lueurs des bougies offraient avec les panneaux de bois précieux et les moustiquaires blanches un ultime rempart à la nuit, que la seconde et modeste maison posée aux abords du bassin royal de Srah Srang et qui accueillait pour une dernière pause déjeuner et un massage avant d’embarquer pour Tonle Sap ne parvenait pas à faire oublier.

« Hanchey House se teintait d’une inévitable couleur coloniale mais embaumait surtout le parfum si particulier d’une tacite mais bien réelle complicité »

Siem Reap n’avait pas fini de dévoiler ses charmes que le voyage menait déjà vers les étendues lacustres du plus grand réservoir d’eau douce de toute l’Asie du Sud Est. Classé réserve de biosphère par l’Unesco, ce lac dont les eaux présentent la curiosité d’inverser leur sens deux fois par an et d’étendre leur volume jusqu’à 70 fois en période de mousson formait la seconde et inoubliable étape du voyage. Ayant pour cadre, cette fois, la vie des communautés naviguant entre forêts et rizières encore submergées à cette époque de l’année, l’expérience à Tonle Sap prenait alors un tour inattendu initié au terme d’une ballade quelque peu éprouvante en long tail comme pour mieux apprécier le calme de la parenthèse qui allait s’offrir alors. Après avoir changé d’embarcation, l’on arrivait alors dans un silence d’or et les méandres de roseaux sauvages sur une barge de bois posé au milieu de nulle part où attendait une collation servie par l’impeccable et enjoué Siengli dont le visage serait à jamais lié à cette expérience hors du temps. Attendre ici la disparition de l’astre solaire dans les brumes lointaines, modestement alangui à même un tapis de sol, lové dans un pouf ou assis sur une malle siège prenait ainsi un tour enchanteur voire irréel quand une énième embarcation à moteur se chargeait de tracter aussi lentement que soudainement l’ensemble à la rencontre d’un chapelet d’habitations flottantes et colorées offertes aux quatre vents et à la nuit naissante.

« Ayant pour cadre (...) la vie des communautés naviguant entre forêts et rizières encore submergées à cette époque de l’année, l’expérience à Tonle Sap prenait alors un tour inattendu »

Dans cette heure bleue, plus rien d ‘autre ne comptait que la découverte de ces habitations aussi précaires que bouleversantes, tendues elle aussi de simples rideaux de lin virginaux bientôt éclairés par la lune. Faire sienne ces maisons pour 48 heures, se laisser aller à la rêverie sous les étoiles, se perdre dans la contemplation du lever du soleil sur l’immensité de l’horizon, naviguer en barque de l’une à l’autre accompagné de son nautonier pour se rendre tantôt au yoga sur une plateforme improvisée, au petit déjeuner servi sous la varangue de la maison principale, au diner dressé au milieu des roseaux sur une barge flottante à quelques encablures de là valait bien quelques sacrifices dont celui d’un certain confort. Au-delà de se repaître du paysage ô combien fascinant que les oiseaux colonisent en nombre pour la plus grande joie des ornithologues, partager la vie des villageois dont on pouvait parfois deviner au loin l’existence, tresser avec eux ces fameuses jacinthes d’eau dont le commerce tente de sortir les femmes de la précarité, faisait partie prenante de l’expérience. Comme toujours adossé aux communautés locales et impliqué dans le développement des compétences de chacun, le projet 700.000 heures se veut à l’écoute de l’écosystème sur lequel il se greffe de manière éphémère. Osmose, Green Gecko et le Cirque Phare en étaient ici les partenaires.

« Se laisser aller à la rêverie sous les étoiles, se perdre dans la contemplation du lever du soleil sur l’immensité de l’horizon, naviguer en barque de l’une à l’autre accompagné de son nautonier (...) valait bien quelques sacrifices »

La compagnie créée il y a vingt ans par Kuon Det pour sortir des rues orphelins et enfants des camps servait même de prétexte à la troisième étape du voyage à Battambang, la propre maison du fondateur allant jusqu’à nous héberger et nous offrir l’occasion d’y rencontrer Boram, le frère de cœur de Siengli, son butler attitré. Gagnée au terme d’un dernier périple en bateau et d’un parcours en voiture qui laissait filer derrière le spectacle fascinant des rizières, d’une pause déjeuner à la devanture d’un tuk-tuk réaménagé pour un phat thai et d’un goûter sauvage autour de beignets de bananes, la maison de Battambang se voulait un havre mérité. Littéralement collée au campus du cirque et de ses écoles qui pour beaucoup étaient celles de la survie, cette modeste maisonnette agrémentée elle aussi de tentures de lin, ici aux couleurs du safran, et de tableaux signés Loeum Lorn dont la galerie servait de cadre à un diner exclusif, devenait pour 48 heures un épicentre culturel, accueillant pour la soirée les artistes à l’issue d’une représentation passée aux premières loges ou bien offrant une initiation à la calligraphie comme à l’aquarelle à l’Ecole des Arts sise à deux pas à l’issue de laquelle chacun se voyait remettre son passeport 700.000 heures acte II dûment tamponné.

« Gagnée au terme d’un dernier périple en bateau et d’un parcours en voiture qui laissait filer derrière le spectacle fascinant des rizières (..) la maison de Battambang se voulait un havre mérité. »

Pour cela, il avait fallu d’abord s’acquitter d’une dernière expérience au coucher du soleil et au pied des pierres séculaires du temple d’Ek Phnom où dans un dernier tour de passe-passe malle table et malles banquettes avaient été déployées. Une belle et inattendue manière de boucler la boucle d’un itinéraire placé sous le triple signe de l’histoire, de la nature et de la culture. Dans un mois tout juste, c’est au Brésil dans la nature brute et ébouriffante des Lençois Maranhenses, entre treks, kitesurf et bains de mer que les membres du club des Amazirs rêveront leur nouvelle robinsonnade…

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier




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À partir de : 1.800€/jour en formule all-inclusive, expériences uniques et sur mesure incluses

 




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