Back from… Nobu Hotel Shoreditch

Brillant !

Ce fut sans doute l’une des bonnes surprises de l’hiver, de celles que l’on attend plus de la part d’une saison qui lasse toujours, d’un quartier qui se rabâche, d’une ville à bout de souffle ou d’un cuisinier trop sollicité et prêt à poser son nom partout. Comme quoi, il ne faut jamais tenir tout pour acquis. Ce qui est vrai pour l’un ne l’est pas pour l’autre. Celui qui, j’en suis sûr, aura fait dans sa vie des expériences aussi heureuses que désastreuses dans l’un des 35 établissements éponymes du très grand Nobu Matsuhisa, me comprendra.

On ne peut pas dire en effet que le chef japonais mâtiné à la cuisine péruvienne et son illustre mentor, Robert de Niro, nous aient épargnés quelques déconvenues pendant les 25 dernières années de leur association. Leur incursion dans le monde de l’hôtellerie aurait pu avoir de quoi nous inquiéter mais c’était sans compter sur leur expérience certaine dans le domaine.

Leur incursion dans le monde de l’hôtellerie aurait pu avoir de quoi nous inquiéter mais c’était sans compter sur leur expérience certaine dans le domaine

En effet, l’acteur américain possédait déjà the Greenwich Hotel à New York et son incroyable penthouse signé Axel Vervoordt tandis que le chef étoilé ne cessait d’ouvrir ses tables au sein des établissements les plus prestigieux de la planète. Il fallait donc bien un jour franchir le pas ou boucler la boucle. Après s’être essayé au Ryokan de plage à Malibu, le tandem a donc décidé d’ouvrir dans le quartier de Shoreditch à Londres, non pas une auberge traditionnelle mais plutôt une sorte de paquebot futuriste signé en partie du fantasque Ron Arad et du cabinet d’architecture Ben Adams.

Ce Nobu Hotel se greffe de la plus jolie manière dans le paysage de l’est londonien

Là, où l’on pensait que la messe avait déjà été dite, entre le très radical Ace London et la bondissante Shoreditch House, sans parler de l’Hoxton auquel il fait face, voilà que ce Nobu Hotel se greffe de la plus jolie manière dans le paysage de l’est londonien au croisement de Willow Street. Mais plus que sa façade de béton brut en grisaille et ses saillies de métal charbonneux en forme de mikados offrant d’heureuses terrasses aux timides rayons du soleil, c’est par son intérieur signé des Studios Mica et PCH que ce Nobu brille de tous ses feux. Certes, avoir le Japon et son art de vivre comme référence facilite déjà grandement la tâche, encore fallait-il savoir l’interpréter. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils ne sont pas perdus, eux, dans la traduction. Dans les 148 chambres et suites que comptent l’établissement les traditionnels peignoirs d’éponge ont ainsi été doublés d’impeccables yukatas et la porcelaine de Wedgwood a cédé la place à un set à thé traditionnel plus approprié mais cela ne s’arrête pas à ces simples détails presque trop évidents.

Studio Mica a pensé l’hôtel avec une joie évidente de bien faire et d’en sophistiquer le moindre des angles

Studio Mica a pensé l’hôtel avec une joie évidente de bien faire et d’en sophistiquer le moindre des angles, ne laissant rien au hasard, dans une philosophie toute japonaise. J’en veux pour témoin à la réception, les modestes tuiles humblement empilées par Sichi Son pour former motif et une cloison texturée simplement éclairée de chandelles dans ses cavités dans l’esprit du Kintsugi s’attachant à souligner d'or les failles d'un objet cassé au lieu de les masquer. J’en veux pour preuve dans les chambres, ces Taizai, panneaux coulissants et occultants aussi pratiques qu’esthétiques, toujours commissionnés à l'artiste japonaise basée à Hackney et eux aussi biffés à l’or. Le métal précieux sert ici de conducteur, allant au-delà des couloirs qu’il souligne élégamment, des têtes de lits tressés dans l’esprit du Suruga Sensuji ou des vasques de salles de bains qu’il inonde de tout son éclat. Plus qu’ornemental, il se veut philosophal surlignant des chambres de béton brut conçues comme de véritables trésors d’ingéniosité et de modularité. Imaginé comme une bento box et se dépliant à l’instar d’un origami, le meuble bar -télévision se veut ainsi un modèle du genre.

À y regarder de très près, la chambre du Nobu Hotel Shoreditch, dont tous les éléments font sens, se veut tout simplement brillante et s’impose comme une indiscutable référence.

À y regarder de très près, la chambre du Nobu Hotel Shoreditch dont tous les éléments font sens se veut tout simplement brillante et s’impose comme une indiscutable référence. Dans cet univers de contraste et de rigueur où la lune semble vouloir jouer avec le soleil, la tradition s’y accommode de la modernité avec autant de bonheur. Le Nobu Hotel Shoreditch n’a rien de la rugosité ou de l’orthodoxie d’un Ryokan traditionnel. Si le confort règne ici en maître, il ne va pas sans une dose d’avant-gardisme propre au quartier et à la faune qu’il draine. Les fashionistas venus d’Asie et d’ailleurs ne s’y sont pas trompés. Le restaurant, son bar à sushi, sa terrasse en espaliers, sa salle à manger privée sont vite devenus des incontournables de l’est londonien tout comme le bar, le plus long de l’East End avec son impressionnante collection de sakés vintage, de whiskies japonais en édition limitée et de champagnes rares. Si le studio PCH s’y est peut-être montré un peu moins créatif que le Studio Mica en charge du reste de l’hôtel, l’ensemble ne démérite pas comme la cuisine revenue au niveau qu’on lui connaissait.

Avec à peine un an d’existence au compteur et un service aussi policé qu’efficace, le voilà déjà érigé au rang d’icône

Doté d’un spa de poche ravissant où s’ébattent sur des murs de faïence des carpes échappées d’une estampe d’Hokusai et où des cales-portes de porcelaine ouvragées veillent à l’intimité des lieux, ce Nobu Hotel Shoredicth ne manque décidément pas d’attraits. Avec à peine un an d’existence au compteur et un service aussi policé qu’efficace, le voilà déjà érigé au rang d’icône à l’instar de l’installation lumineuse en panneaux Shoji et Fusuma couronnant son spectaculaire lobby ! Radicalement brillant !

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

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À partir d’env. 185€/nuit

Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 50£ credit • petit déjeuner • accueil personnalisé

 
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