Back from… Regina Experimental Biarritz

Nouvelle vague !

Si le rouge servait déjà de fil conducteur au Palazzo Experimental de Venise, reprenant les codes des fameuses amarres des gondoles, le rouge basque cette fois, celui des volets iconiques et des piments d’Espelette, s’impose plus que jamais dans le décor de ce Regina nouvelle vague signé, là encore, Dorothée Meilichzon et légendé tout naturellement Experimental Biarritz. Plus généralement comme l’était déjà Venise, c’est tout le pays Basque qui s’invite à l’intérieur de cet édifice dont les heures de gloire remontent à la Belle Epoque, légère et fastueuse. Propriété soeur du Regina Paris, elle s’éveille à nouveau après près d’un siècle de tergiversations et d’errances. En dépit d’une absence de rénovation extérieure (à suivre), les intérieurs de ce paquebot viennent mieux que de retrouver une jeunesse, de naître tout simplement, propulsant du même coup la ville dont on n’osait plus rien espérer après la rénovation récente pour le moins inexistante et confondante de l’Hotel du Palais. Si ce Regina Experimental Biarritz ne dispose pas de la même localisation, pieds dans l’eau, que la grande dame de la côte, il n’a pas à rougir, illuminé et protégé par la mitoyenneté du phare le plus emblématique de la Côte Basque avant que celle-ci ne plonge vers Anglet. À dix minutes à pied du centre ville et encore moins de la plage du Miramar, il s’impose comme une halte idéale et bien supérieure à son illustre voisin encore encombré des fastes d’un XIXème siècle bien révolu.

Si le rouge servait déjà de fil conducteur au Palazzo Experimental de Venise (...), le rouge basque cette fois, celui des volets iconiques et des piments d’Espelette, s’impose plus que jamais dans le décor de ce Regina nouvelle vague signé Dorothée Meilichzon

Fidèle à son esprit novateur et volontiers frondeur, nourrie de sa grande connaissance de l’Histoire de l’Art et de l’Architecture plus particulièrement, Dorothée Meilichzon a entrepris une relecture aussi séduisante qu’inventive des années folles et du patrimoine basque, allant jusqu’à convoquer l’orient et plus spécifiquement le Japon dans sa partition, rendant ainsi hommage aux liens étroits et aux correspondances unissant ces deux régions du monde dont la vague d’Hokusai pourrait être la parfaite illustration. Au sein de l’hotel, c’est la carpe qui symbolise ce rapprochement des deux rives, des carafes d’eau au papier en tête. Elle s’affiche en bleu, indigo forcément, tandis que le rouge en version laqué s’expose en grandes largeurs sur le mobilier extérieur et jusqu’aux intérieurs des dressings. L’architecte décoratrice a fait de ces couleurs a priori contraires la base de sa palette volontairement restreinte jusque sur la moquette aux motifs de vaguelettes, s’autorisant juste quelques dégradés de bleus jusqu’au céladon dont s’ornent les têtes de lits en forme d’arches qui ne sont pas sans rappeler celles du passage Istasoan à Guétary. Suspensions en papier de riz, colonnes en ajoncs tressés ou paille tendue aux murs, imprimés japonisants, laques tous azimuts complètent ce propos aussi joyeux que virtuose que “tote bags”, jeux de pelotes, bérets traditionnels et croix basques ancrent localement a l’instar de la cuisine de Gregory marchand qui s’offre ici un nouveau restaurant sous l’appellation Frenchie.

Fidèle à son esprit novateur et volontiers frondeur, nourrie de sa grande connaissance de l’Histoire de l’Art et de l’Architecture plus particulièrement, Dorothée Meilichzon a entrepris une relecture aussi séduisante qu’inventive des années folles et du patrimoine basque

Après Verbier et Paris, c’est la troisième collaboration du groupe avec le chef étoilé, toujours aussi habile à sortir des compositions pleine d’à propos et de vivacité, parfaitement contextualisées et ici très élégamment servies dans la vaisselle signée de l’artiste biarrote Audrey Amaia, elle aussi très inspirée par cette belle correspondance entre Japon et Pays basque. Tous ont en commun cet amour de la mer, ici omniprésente, de ces assiettes ou le bleu s’étend par vagues, aux coquillages qui forment les heurtoirs de porte, s’incrustent dans le mobilier ou s’invitent dans des panneaux de stuc illustrant la vie aquatique, en passant par l’océan, bien sûr, littéral et frontal, qui se laisse admirer de la plupart des fenêtres, balcons ou terrasses de cette bâtisse à l’aveuglante blancheur.

l’océan ne peut être ici oublié (..) l’architecte s’est chargée d’en rappeler tous les contours et toutes les gradations.

Bien que toutes les chambres et suites, au nombre de soixante douze ne donnent pas sur cette immensité changeante et sur son phare mythique, certaines s’ouvrant à l’est sur le golf mitoyen et la pinède, l’océan ne peut être ici oublié. Au même titre que le rouge basquo-japonais décliné à l’envi, l’architecte s’est chargée d’en rappeler tous les contours et toutes les gradations. Bleus des portes ou des murs laqués, des verres ou des livres choisis, de la piscine extérieure ou des broderies des serviettes à l’effigie des lieux, des assises aux couvre-lits en passant par les rideaux de lin, se marient à merveille, insufflant une fraîcheur aussi attendue que bienvenue, coup de frais et coup de soleil faisant ici bon ménage.

Rarement décoration n’a paru aussi enthousiasmante que celle de ce Regina Experimental Biarritz

Rarement décoration n’a paru aussi enthousiasmante que celle de ce Regina Experimental Biarritz dont chaque meuble, créé sur mesure mériterait une édition à part entière. Chacune de ses chambres offre autant un régal pour l’œil que pour l’esprit, l’un comme l’autre sollicités par tant de trouvailles mariant régionalisme et art déco, à l’instar de ces corniches et baguettes en cordes qui courent sur les murs ou au pied de poufs rayés reliées par des anneaux d’or assortis aux luminaires ouvragés. Pour autant, rien de passéiste dans cette confrontation, bien au contraire. Les radio Marshall comme les mange-disques vintage couleur ciel dans les suites, les cocktails Traveller’s signatures du groupe dans les mini bars ajoutent à la joie indéniable émanant de ces cabines que l’on préfèrera évidemment tournées vers l’océan ne serait-ce que pour s’inonder de lumière au soleil couchant avant de s’échapper par les coursives de ce bateau gigantesque pour rejoindre selon les envies, la boutique ou la piscine du rez-de-chaussée, le spa en sous-sol, le restaurant en terrasse ou le bar trônant au centre d’un spectaculaire atrium de quinze mètres de haut.

Ce Régina raffle la mise, relevant une ville et au delà une région à laquelle on n’osait plus croire, révélant à lui seul une destination que l’on voudrait désormais incontournable, donnant au delà d’un style un esprit de liberté, une nouvelle vague !

On aime ici courir d’un lieu à l’autre, monter et descendre avec cette sensation de quitter sa cabine pour mieux y revenir afin de s’offrir un tête à tête sans cesse renouvelé avec l’Atlantique. Que rêver de mieux que cela quand tout se veut à l’unisson, que le corps et l’esprit, au même titre que la faim se trouvent ici rassasiés de bienfaits ? E dépit d’un service parfois encore balbutiant et bien que ses plus belles suites du dernier étage, dont certaines avec cheminées et baignoires face à l’océan n’aient pas encore été livrées, ce Régina signé de l’Expérimental Group raffle la mise, relevant une ville et au delà une région à laquelle on n’osait plus croire, révélant à lui seul une destination que l’on voudrait désormais incontournable, donnant au delà d’un style un esprit de liberté, une nouvelle vague !

Mots & images : Patrick Locqueneux

grand hotel

À partir de 220€/nuit

Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 1 cocktail par pers. • petit déjeuner • accueil personnalisé

 
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