Back from… The Standard High Line

À la mesure de New York !

Certains lieux ne s’oublient pas. Ils vous collent au cœur et au corps comme ils collent à la ville qui les héberge. Ils ne font alors qu’un au point d’en être emblématique ou symptomatique. Ce sont ceux que l’on cherche par-dessus tout et a fortiori pour une première fois comme si l’on voulait être sûr que la première histoire d’amour soit la bonne. Ainsi, l’on ne cesse de me demander, pour telle ou telle autre destination, l’hôtel où séjourner s’il ne fallait en retenir qu’un. Il faut alors s’exécuter sans réfléchir, sans qu’il soit besoin de questionner en retour pour qui, pour quoi ou comment, et lâcher le nom de celui qui en donnera la meilleure mesure ou en exprimera la quintessence dans tout ce que cela a de subjectif et d’instantané.

Chaque destination, chaque ville a sa personnalité plus ou moins forte, plus ou moins intelligible mais seules quelques-unes ont cette capacité à marquer de manière indélébile. À l’égal de Londres, Paris ou Tokyo, New York fait partie de ces mégapoles inoubliables à plus d’un titre, aussi bien dans l’imaginaire individuel que dans l’inconscient collectif. Qui ne connaît pas encore la ville qui ne dort jamais se prive d’une des plus grandes excitations qui soit. Manhattan se vit intensément, frontalement et si possible à découvert. Il faut l’arpenter comme la laisser vous emporter sans demi-mesure. Elle porte en elle l’énergie d’un continent et les espoirs d’un monde nouveau. Elle n’est pas l’Amérique mais une Amérique, celle dont on rêve depuis des générations, une terre dont la Statue de la Liberté a marqué autant d’exilés en attente de conquêtes que de touristes en mal d’icônes.

Je ne vois pas de meilleur belvédère sur cette île promise, de lieu d’observation plus approprié que The Standard High Line.

Je ne vois pas de meilleur belvédère sur cette île promise, de lieu d’observation plus approprié sur chacune de ses composantes que The Standard High Line. Ce chef d’œuvre brutaliste imaginé et élevé en 2009 par Polshek Partnership à la demande d’André Balazs sur l’ancienne voie ferrée menant aux abattoirs de Meatpacking reste près de dix ans après sa construction l’un des phares de la ville. Et même si la dernière création du rival et ami hôtelier Ian Schrager, Public, lui ravirait volontiers la vedette lui enlevant bien entendu la palme de la nouveauté, The Standard n’a jamais aussi bien porté son nom. Il reste la norme, le mètre étalon pour quiconque voudrait se mesurer à l’énergie de la ville car ce building fait de béton et de verre déploie sur 17 étages, surélevés à 20 mètres au-dessus du seul, pas moins de 338 chambres ayant toutes en commun une vue imprenable sur les toits de New York, l'Hudson River ou l'Empire State Building.

The Standard n’a jamais aussi bien porté son nom. Il reste la norme, le mètre étalon pour quiconque voudrait se mesurer à l’énergie de la ville

Immortalisées par le film « Shame » où son héros y pratiquait aux yeux du monde, ce qu’il y a peu de temps encore un petit mot de la direction délicatement posé sur les tables enjoignait de ne pas reproduire par égard pour la sensibilité du jeune public fréquentant l’ancienne voie transformée aujourd’hui en promenade luxuriante, ces chambres signées des talentueux Roman & Williams sont à ranger définitivement dans la catégorie des plus iconiques au monde. Véritables machines à orgasme, à l’image du bâtiment tout entier, qui derrière ses portes jaunes, référence évidente au Yellow Submarine des Beatles abrite un sas d’accueil profilé comme un vagin tapissé de parois laiteuses que l’on croirait formées d’un entrelacs de spermatozoïdes, ces chambres n’offrent, a priori, pas de quoi s’extasier en dehors de cette vue qui vous gifle littéralement.

S’il y a un lieu dans le monde, où l’on pourrait se passer de dormir c’est bien dans ce Standard, comme s’il y avait là, non pas une urgence impérieuse mais un besoin évident de se mettre au diapason d’une ville dont le cœur ne cesse de battre.

Si leur mise se veut minimale pour ne pas dire spartiate, pour certains, rappelant là encore l’esprit cabine de bateau, leurs baies vitrées courant du sol au plafond font à elles seules le show, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Véritables aimants, on ne saurait s’en décrocher, oubliant d’en tirer les rideaux pour être sûr de ne rien rater des oscillations nocturnes et colorées du dehors ou des prémices du jour inondant les draps au réveil. S’il y a un lieu dans le monde, où l'on pourrait se passer de dormir c’est bien dans ce Standard, comme s’il y avait là, non pas une urgence impérieuse mais un besoin évident de se mettre au diapason d’une ville dont le cœur ne cesse de battre. Le ciel déployé ici dans ses grandes largeurs, lacéré de trainées de poudres blanches d’aéronefs éperdus d’ailleurs, la rivière éclaboussée par le soleil et ponctuée de navires à voile et moteur chargés de migrants d’un nouveau genre, les fenêtres dupliquées à l’infini et ouvertes sur des scènes de vie dont les mystères restent entiers à pareille distance, les badauds ébaudis en contrebas et fascinés par cette ruche leur faisant face et ses alvéoles remplies de pantins gesticulants ou inanimés, fascinent, enchantent comme jamais.

Résider au Standard, c’est faire le choix d’être au centre, de voir comme d’être vu.

Résider au Standard, c’est faire le choix d’être au centre, de voir comme d’être vu. L’on prendra soin pour cela d’opter pour l’une des fameuses Corner King ou mieux encore l’un des Hudson Studio pour ne rien rater de ce spectacle se prolongeant jusque dans la salle de bains, où la sensation de se doucher face à l’immensité de la ville reste une expérience résolument unique. Il est amusant d’ailleurs de voir à quel point tous les éléments constitutifs de ces chambres à commencer par ces douches spectacles qui donnent pour la majeure partie d’entre-elles directement dans le salon et qui en agaçaient plus d’un à l’époque ont fini par faire école. Les dressings réduits à leur plus simple expression, le mobilier chiné ou constitutif des murs, la radicalité du design ont fini par s’imposer et devenir légendaires.

Avec ce projet, André Balazs a mis, un beau jour de 2009, le plaisir au cœur de l’expérience hôtelière et forgé un mythe aussi inébranlable que l’Amérique.

Plus personne ne s’étonnera de trouver une table escamotable par-là, une douche sans porte par-ci et tout le monde se réjouira d’aller remplir soi-même son seau à glace au bout du couloir ou d’aller commander au Grill en bas son petit dej à emporter. Plus personne ne s’offusquera d’avoir fait la queue au check-in, d’avoir été refoulé un soir au mythique Top of the Standard privatisé par Madonna ou d’avoir dû montrer sa pièce d’identité avant de pouvoir rejoindre les spring-breakers agglutinés sur les terrasses du non moins iconique Bain (et tout aussi interdit aux photographies), tant chacun aura voulu faire partie de ce qui se joue ici, de cette incommensurable fête permanente ayant pour cadre et premier plan la ville mythique. Pas la peine de parler de la patinoire en hiver, du Biergarten ou des vélos à dispo en saison. La liste des plaisirs est presque aussi longue au Standard que ce ruban vert serpentant désormais sous ses piliers et que personne ne songerait à remettre en cause. Avec ce projet, André Balazs a mis, un beau jour de 2009, le plaisir au cœur de l’expérience hôtelière et forgé un mythe aussi inébranlable que l’Amérique.

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

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À partir d'env. 200€/nuit 

Tarif négocié • surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • petit déjeuner • accueil personnalisé

 
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