Back from... University Arms

Time for a change !

Si Heckfield Place était sans doute l’hôtel le plus attendu d’Angleterre, assurément, University Arms était celui que plus personne n’osait espérer à Cambridge. La ville universitaire où s’engouffre des milliers de touristes par jour parfois pour un simple aller-retour au départ de Londres méritait bien un établissement à la hauteur de sa réputation et avouons-le de son indéniable pouvoir de séduction.

lls sont près de 5 millions chaque année à venir déambuler dans ses ruelles d’un autre âge, s’étendre sur ses pelouses, visiter la quintessence d’un système universitaire unique au monde et comptant pas moins de 31 collèges. Peu savent pourtant que la ville abrite entre autres merveilles, loin de la magnificence de la chapelle du King’s College, deux musées de premier plan. Mais au-delà du Fitzwilliam, c’est surtout la Kettle’s Yard de feu Jim Ede tout juste rénovée qui vaut à elle seule tous les détours. Son intérieur laissé inchangé depuis son décès s’avère un modèle de modernité et d’acuité à ne manquer sous aucun prétexte pour tout amateur de wabi-sabi et d’art en général. La partie contemporaine réservée aux expositions temporaires n’étant pas en reste, on l’aura aisément compris, Cambridge ne manque pas d’attraits à 1 heure de la capitale anglaise.

Si Heckfield Place était sans doute l’hôtel le plus attendu d’Angleterre, assurément, University Arms était celui que plus personne n’osait espérer à Cambridge.

Il aura fallu attendre près de 2 siècles, 80 millions d’euros et le talent conjugué de Martin Brudnizki au design et de John Simpson à l’architecture pour que l’unique grand hôtel de la ville renoue avec sa gloire passée. Out les façades disgracieuses ajoutées dans les années 60 et 70. Simpson, grand habitué des demeures royales, lui a donné un tour on ne peut plus imposant. De son côté, Brudnizki, pour sa première réalisation complète au UK (on lui doit déjà le Scarfes et la Hollborn Dining Room du Rosewood London), a convoqué une tranche d’Angleterre, chère au Bloomsburry de Virginia Woolf et de Duncan Grant.

Brudnizki, pour sa première réalisation complète au UK a convoqué une tranche d’Angleterre, chère au Bloomsburry de Virginia Woolf et de Duncan Grant.

On retrouve donc en leitmotiv le fameux bleu de Cambridge qui s’étale dans les grandes largeurs et pour notre plus grand bonheur des cimaises à l’enseigne en passant par les vélos, indispensables compagnons de toute découverte de la ville, ici équipés de leur inévitable paniers en osier et malle pique-nique assorties sur demande. Bien que très académique, cet hôtel indépendant géré par Mariott au travers d’Autograph Collection ne manque pas d’un certain fun à condition de ne pas s’arrêter sur les uniformes d’un gris neurasthénique bien mal assorti à la jovialité d’un personnel aux petits soins. Certes, University Arms version 2018 n’a rien de révolutionnaire ou d’engagé mais il offre une immanquable tête de pont à la ville et une option parfaite pour quiconque voudrait faire l’expérience du confort et du service.

University Arms version 2018 n’a rien de révolutionnaire ou d’engagé mais il offre une immanquable tête de pont à la ville

Les Cambridgiens ne s’y sont pas trompés et affluent en nombre à la bien-nommée Parker’s Tavern pour goûter la cuisine, on ne peut plus anglaise et furieusement classique, de Tristan Welsh, ancien disciple de Gordon Ramsay. Heureusement, les longues tables inspirées des réfectoires des cantines d’universités toutes proches bousculent un peu le genre tout comme l’aréopage d’affiches, gravures et peintures arrangées sur les murs avec un art consommé du mix & match que n’aurait pas renié les apôtres de Cambridge. On pense inévitablement au style désormais incontournable des Soho Houses dont Martin fut l’un des premiers designers. On lui doit ainsi celle de Miami et son esprit cubain. À University Arms, il n’est pas allé chercher très loin la source de son inspiration, multipliant çà et là les références, discrètes mais sûres, à l’héritage littéraire et au style Regency prévalant en ville.

il paraît difficile de croire qu’University Arms ait pu manquer à son devoir de représenter la ville toutes ces dernières années.

Le papier duquel on recouvrait les livres autrefois s’affiche désormais aux murs du bar volontiers pris d’assaut en soirée et durant les week-ends. Les livres, quant à eux, sélectionnés par Heywood Hill, s’en vont remplir les chevets et bibliothèques des 192 chambres et suites tout comme les canapés Chesterfield, les coussins de velours cramoisi et les imprimés en pagaille. Bien que manquant encore de patine, ces différents éléments consacrent ce style résolument british dont la plus belle expression tient sans doute dans le salon bibliothèque doté d’une cheminée monumentale en acajou et d’une vue sur Parker’s Piece, véritable poumon de la ville. À toute heure du jour et de la nuit, promeneurs, dog-sitters, joggers, joueurs de crickets ou simples rêveurs en font leur terrain de jeu favori à croire qu’aucun n’a oublié que les règles de notre football sont nées ici. Des fenêtres, des terrasses ou des géniales salles de bains victoriennes qui habitent les tourelles et donnent sur cette esplanade engazonnée, il paraît difficile de croire qu’University Arms ait pu manquer à son devoir de représenter la ville toutes ces dernières années. It’s time for a change.

Mots & images : Patrick Locqueneux

grand hotel
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À partir d’env. 200€/nuit | petit déjeuner

 
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