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Et si Paris m’était conté ?

Qui ne rêverait de ravir les couleurs de Paris, d’attraper un bout de son ciel et de ses toits de métal, d’en capturer la lumière et la douceur de vivre, d’en saisir l’essence ?


De 1605 à 1612 Louis Métezau, architecte du roi s’y est essayé en livrant au fils de son monarque à l’occasion de ses fiançailles avec Anne d’Autriche une place Royale faite de brique rose de pierre blanche et d’ardoise bleue intimement mêlées Caractéristique du style que l’on allait finir par appeler Louis XIII, cette place, la plus ancienne de Paris, ne pouvait mieux résumer à elle seule toutes les nuances de la ville. Désormais universellement connue sous le nom de Place des Vosges, abritant en son cœur et à l’ombre de ses charmilles la statue équestre de Louis le Juste, celle-ci vient tout juste de renouer avec sa gloire passée. Bien que rien ne le distingue des 35 autres pavillons en formant le quadrilatère presque parfait, le N°19 érigé par Charles Marchant en 1609 abrite depuis octobre dernier la très exclusive Cour des Vosges, une demeure à nulle autre pareille qui pourrait bien s’octroyer le titre de plus bel hôtel de Paris si elle en possédait tous les codes. L’ancien Hôtel de Montbrun, du nom de ses derniers propriétaires, a beau plus tenir de la maison de maître, il n’en est pas moins le dernier fer de lance d’une hôtellerie aujourd’hui en proie à la diversité mais tout autant tournée vers la recherche de l’excellence que de la cohérence dont le groupe Evok se fait l’un des meilleurs ambassadeurs.

Cour des Vosges, une demeure à nulle autre pareille qui pourrait bien s’octroyer le titre de plus bel hôtel de Paris si elle en possédait tous les codes

Cornaqué par Emmanuel Sauvage dont on ne peut que saluer l’évidente et insolente réussite à créer coup sur coup des lieux hors du commun à Paris, du palace de poche façon Nolinski au paquebot New Age signé Starck au Brach en passant par le capital et iconoclaste Sinner, cette résidence aux 12 chambres et appartements de réception ne fait pas exception. Le talentueux duo d’architectes-décorateurs Yann Le Coadic et Alessandro Scotto, en charge de sa réhabilitation et de sa métamorphose ont fait de ce bâtiment classé l’épitomé d’un nouveau luxe aussi divinement infusé par les siècles que gentiment fouetté au coin de la modernité. Aux plafonds séculaires, aux poutres enluminées et aux modestes sols de terre cuite ils ont redonné un souffle inédit et rare par une compréhension érudite des lieux et une maitrise évidente de l’espace. Du pittoresque, nous sommes passés au chevaleresque et au romanesque. Avec eux, les lourdes portes de communication pouvant ouvrir les suites les unes sur les autres imposent d’inédites géométries cerclées d’argent, les chaises à bras, les fauteuil Louis XIII ou Henri II en tapisserie façon d’Aubusson, en cuir repoussé, ou en velours de soie aux reflets pastel composent une symphonie nouvelle tandis que les candélabres en fonte surmontés de cierge à la raideur toute ecclésiale disposés çà et là comme les Vierge ou autres saints acéphales et hiératiques affichent une désirabilité inattendue.

Cour des Vosges, une demeure à nulle autre pareille qui pourrait bien s’octroyer le titre de plus bel hôtel de Paris s’il en possédait tous les codes

Près de quatre siècles plus tard, d’autres noces que celles de Louis XIII et d’Anne d’Autriche se déroulent ici. Le style du monarque dont la statue équestre en marbre blanc trône en contrebas croise désormais le fer avec l’inox star des années 70 cher à Maria Pergay ou Willy Rizzo ici déroulé en majesté sur d’imposants lits clos faisant écho à de monolithiques cabinets laqués noirs aux accents 30 dissimulant des cuisines d’appoint non moins brillantes. Histoire et modernité n’ont jamais fait aussi bon ménage à l’instar des enceintes Devialet immaculées trônant en majesté sur des piles de livres anciens ou des clochettes de service en étain doré maintenues en activité. Les amoureux d’un Paris aussi exemplaire que nostalgique, les passionnés d’histoire comme les amateurs de modernité trouvent avec cette Cour des Vosges de quoi se réconcilier. Dans cette grande et noble demeure, cette maison de famille propice à l’accumulation de souvenirs et d’objets d’arts mélangeant les courants artistiques, les époques et les inspirations avec tout le talent et la sensibilité de la sémillante Amélie du Chalard, fondatrice d’Amélie Maison d’Art et figure désormais incontournable du monde de l’Art, il n’existe aucune mauvaise chambre.

Les amoureux d’un Paris aussi exemplaire que nostalgique, les passionnés d’histoire comme les amateurs de modernité trouvent avec cette Cour des Vosges de quoi se réconcilier

Bien que chacune soit singulière, toutes offrent cette vue sur la place, du lit pour la 301 ou la 401, de la baignoire pour la 303, des canapés pour la 304 ou la 402. Et si les suites dont certaines pavoisent à 5 mètres de hauteur sous plafond affichent jusqu’à près de 60m2 d’élégance, les chambres blotties dans les étages supérieurs n’offrent pas moins de ce Paris de carte postale, ce Paris rêvé qu’il soit vu d’en haut avec le génie de la Bastille en vigie sur l’horizon ou à travers les tilleuls et les marronniers des hautes fenêtres aux verres soufflés à l’ancienne. Ce Paris-là ne nous a jamais paru aussi doux et familier qu’ici. On se croirait par instants revenu au temps des lavandières et des menuets cher au Lagarde et Michard dont nombre d’exemplaires d’ailleurs, à l’instar d’autres livres anciens, de magazines d’époque, de catalogue de ventes aux enchères, de romans ayant Paris pour cadre sélectionnés par le libraire Anatole Desachy (comme pour le Sinner tout proche, l’autre établissement du groupe Evok à avoir ouvert il y a quelques mois) s’accumulent jusque dans les penderies ou sous les charpentes aux poutres desquelles s’accrochent de délicats bouquets de fleurs séchés. Douce sérénité que cette caresse du temps dont les vaisseliers cachés débordant de porcelaine fine, de cristaux et d’argenterie aptes à dresser au point du jour une table d’apparat, l’après-midi un thé à la française ou un diner aux chandelles battent la mesure.

Ce Paris-là ne nous a jamais paru aussi doux et familier qu’ici

Comme ces portes paravents striées de cet "outrenoir" cher à Soulages, ces résurgences d’un autre temps ne nous ont jamais semblé si actuelles, la vie de bohème sous les toits si désirable, les baignoires d’étain avec vue si confortables et le bain romain en sous-sol si contemporain. De là à se prendre pour Pierre de Bellegarde marquis de Montbrun, l’ancien propriétaire en 1652 de cette Cour des Vosges, il y a un pas qu’on ne saurait franchir même si on aurait aimé que l’aristocratie des lieux soit encore plus travaillée, que les majordomes haussent du col de leur blazer, que les femmes de chambre époussettent encore au plumeau ou que la maitresse de maison excelle dans l’art de recevoir.

Pour l’heure, ce pied à terre d’exception se veut déjà, osons le dire, le meilleur hôtel de la place

Quelques ajustements sont sans doute encore à prévoir à commencer par l’hybride comptoir-pâtisserie-salon the thé ouvert sous les arcades par le talentueux Yann Bris, meilleur ouvrier de France et pâtissier de la maison, ou la cour intérieure en devenir. Mais pour l’heure, ce pied à terre d’exception se veut déjà, osons le dire, le meilleur hôtel de la place, la place valant pour Paris. Lecoadic-Scotto accompagnés d’Amélie du Chalard ont prouvé, si besoin, avec cette collaboration que ce fameux « Sense of place » cher à nos amis anglophones était un vecteur de modernité aussi admirable qu’irréfutable. Aidés certes par l’indéniable majesté des lieux dont la seule vue réjouit à tout heure du jour et de la nuit, ils ont réussi avec leur Cour des Vosges à nous faire vivre Paris comme un seigneur d’aujourd’hui, excellemment !

Mots : Patrick Locqueneux

Images : Patrick Locqueneux | Olivier Chevalier

 
experience
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À partir de 490€/nuit

Surclassement selon disponibilité • early check-in & late check-out selon disponibilité • 100$ resort credit • petit déjeuner • accueil personnalisé

 
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